Il semble que l’on hésite entre deux possibilités qui ont un rapport avec l’eau ou les poissons :
Le Pescher ne s’est fait connaître dans le passé que par son château, démoli de nos jours, mais laissant encore ses fossés. La digue du Breuil, en amont du village, permet de dévier l’eau du ruisseau Eyrignoux nécessaire à alimenter ces fossés. De ces mêmes fossés part un canal amenant l’eau servant à faire fonctionner le moulin à farine et le moulin à huile de noix. Ce château fut un fief en justice de Turenne, hommagé diverses fois aux XVe, XVIe et XVIIe siècles.
Au XIVe siècle, Raymond d’Ornhac fut seigneur de Sérilhac, et Gilbert, son frère, fut seigneur de Le Pescher tout en étant co-seigneur de Sérilhac.
En 1451, Guillaume d’Ornhac, seigneur de Sérilhac, las de guerroyer, se consacra à la paix et devint titulaire de la cure de Saint Chamans. Son héritage revint à son frère Jean d’Ornhac, seigneur du Pescher qui résidait au château du même lieu. Voilà pourquoi, à partir de cette époque, il n’y a plus eu de seigneur de Sérilhac habitant le château de Sérilhac mais un seul seigneur pour les deux lieux.
Alors que le vicomte de Turenne était tantôt l’allié du royaume de France, tantôt celui du royaume d’Angleterre, les seigneurs d’Ornhac restèrent toujours fidèles aux anglais (de par le mariage d’Aliénor d’Aquitaine avec Henri Plantagenêt, futur roi d’Angleterre). De même, lorsque au XVIè siècle le vicomte de Turenne, Henri de La Tour d’Auvergne, protestant, fit de Meyssac, Beaulieu,… d’actifs foyers de la nouvelle religion, les seigneurs de Sérilhac et Le Pescher restèrent catholiques. Des heurts se produisirent entre adeptes de la Réforme et partisans de l’Eglise. Le 28 Décembre 1561, les croix dressées aux croisements des routes furent brisées entre Brive et Beaulieu, des églises pillées.
Selon la tradition orale, la « Croix du Moulin » serait en fait une stèle érigée en ce lieu en remerciement d’un combat gagné par Edme de Saint Chamans, allié aux Noailles et aux Flomond, contre son frère Pierre de Saint Chamans, allié aux Turenne.
Associé au château de Sérilhac dans les faits de la guerre anglo-franque , château du Pescher conserve encore des guerres religieuses un souvenir que l’on doit signaler.
En 1589, les huguenots de Beynat et du Puy de Noix, au nombre de 600, conduits par un lieutenant de Turenne ( Guiscard de Cavagnac ), assiégèrent le château de Le Pescher appartenant à Elie de Saint Chamans. Les sieurs de Pompadour, de Gimel, de Marcillac arrivèrent à son secours. A leurs troupes, réunies près de Pompadour, vint se joindre la milice de Brive, conduite par les consuls Maillard et Léonard. Les huguenots furent obligés de lever le siège, mais se barricadèrent dans les maisons du village. On leur permit de se retirer en abandonnant les pièces d’artillerie avec lesquelles ils battaient le château.
Au cours du XVIIe siècle, et suite aux discussions familiales entre Pierre et Edme de Saint Chamans et leurs descendants, tout une série de procès eut lieu à propos de cette seigneurie du Pescher. Pour payer les frais entraînés par ces procès, les descendants du cadet vendirent certaines parts de la seigneurie qu’ils usurpaient de père en fils depuis Edme, leur aïeul et cela, malgré les différents jugements rendus par le Parlement de Bordeaux .
C’est pourquoi on trouve mention de différents co-seigneurs. En outre, la terre du Pescher fut finalement vendue pour dédommager les héritiers de Pierre de Saint Chamans.
Le Bosplos, terrain communal d’environ 10 hectares, avait été donné par les seigneurs, en 1627, aux habitants pour qu’ils en jouissent. Certains endroits rappellent les noms des différents seigneurs :
De fait, les Saint Chamans quittèrent le pays vers 1680.
Ainsi, bien avant la Révolution qui, en 1792, démantèlera les deux châteaux de Le Pescher et Sérilhac, l’aveuglement et la cupidité des frères Pierre et Edme d Saint Chamans, seigneurs de Le Pescher et Sérilhac, précipitèrent la ruine de la grande maison des « Saint Chamans » .
Extrait tiré du livre « Le Pescher, de la création de la Commune à nos jours » de Jean-Luc DUNETON